lI y avait autrefois en Auvergne, mais aussi sur l’ensemble du Massif central, un chien de berger remarquable qui travaillait à la garde des troupeaux, notamment de vaches. Cette population, « bâtarde » pour certains, réputée pour son intelligence, a peu à peu cédé le pas devant la vogue du border collie. Dès le milieu des années 1980, il a fortement régressé pour quasiment disparaître au début des années 2000.
Ce chien « à tout faire », autrefois présent dans tout le Massif central, est aujourd’hui au bord de l’extinction.
Officiellement redécouvert en mai 2014 dans quelques fermes auvergnates, son association de sauvegarde a été créée le 17 novembre 2014.
Histoire d’une redécouverte
Jusqu’en mai 2014, la grande question était : existe-t-il encore des animaux de cette population ?
C’est alors qu’une mission de sauvegarde a permis d’en inventorier une dizaine d’individus.
Le berger d’Auvergne a fortement diminué à partir des années 1980. Dans les années 1990, on trouve encore régulièrement ce type de chiens en Haute-Auvergne, mais à partir du début des années 2000, il devient de plus en plus rare. A tel point que l’on peut se demander s’il existe encore.
Le début de l’enquête
Les documents existants sont en effet très maigres. Sur un forum canin, une certaine Émilie dit posséder l’un de ces chiens, une chienne nommée Tina, mais le forum ne permet pas de la contacter directement.
Un premier appel est lancé le 31 mars 2013 par deux écrivains naturalistes sur le site Les biodiversitaires pour retrouver des personnes possédant ces chiens. Contre toute attente, cette bouteille à la mer perdue sur le web trouve sa destination : Émilie Dracon, la propriétaire de la fameuse Tina, toujours à la recherche d’informations sur le chien d’Auvergne, découvre cet appel et prend contact. Suivie de quelques autres.
Il apparait urgent de vérifier si – oui ou non – ce chien a disparu.
Il n’a pas disparu !
Grâce au travail de prise de contacts effectué par Émilie et à un appel passé dans le journal L’Union du Cantal, quelques informations semblent confirmer que ce chien n’a peut-être pas totalement disparu. Fin avril 2014, une petite équipe part prospecter quelques jours dans les fermes du Cantal, pour retrouver ces chiens.
Partis par acquis de conscience, l’opération se révèle être un succès au-delà des espérances.
De ferme en ferme, en rendant visite à quelques éleveurs ayant, par amour et tradition, conservé ce type de chiens, l’équipe découvre que le berger d’Auvergne est toujours vivant !
A la suite de cette minutieuse enquête, treize chiennes ont été répertoriées.
Le professeur Jean-François Courreau, spécialiste des chiens de berger, souligne immédiatement une homogénéité frappante au sein de ces différents chiens, même si, de prime abord, leur phénotype est assez varié.
Les contacts sont très positifs et les éleveurs rencontrés, enthousiastes, ont tous fait part de leur souhait de voir réhabiliter leur chien de berger, proposant de faire saillir leurs chiennes pour sauver cette race qui fait partie du patrimoine et de l’histoire de la région. Beaucoup d’éleveurs semblent en effet prêts à reprendre à la ferme des bergers d’Auvergne, pour peu qu’on puisse à nouveau se procurer des chiots.
La sauvegarde est lancée !
A partir de là, une équipe informelle se met en place. Des mâles sont trouvés, des portées à naître signalées.
Il est décidé de la création d’une association de loi 1901 à but non lucratif : l’Association de sauvegarde du chien Berger d’Auvergne (ASCBA).
C’est le début d’une longue aventure, où tout est encore bien fragile. Mais nous sommes optimistes car nous avons vu combien ce chien était encore présent dans l’esprit d’un bon nombre d’éleveurs.
A quoi ressemble ce chien ?
Il n’est pas possible de parler de « pureté » pour cette population qui n’a jamais été reconnue, mais des caractéristiques physiques très fortes permettent de dresser son portrait. Tous les bergers d’Auvergne connus ont été attentivement mesurés par un expert canin.
Taille : moyenne, environ 50 cm au garrot.
Poids : le poids moyen d'une femelle se situe autour de 20 kg, celui d'un mâle autour de 23 kg.Différents types : il existe un type un peu lourd (une grande chienne toise 58 cm au garrot) et un type plus petit.
Morphologie : la morphologie est typique des chiens de berger français ; les chiens sont de construction légère à assez robuste. La tête est longue avec un crâne plutôt étroit et un museau fin à tendance conique ; le stop est léger, les oreilles sont tombantes à semi-tombantes, les yeux ronds sont jaunes, orangés ou noisette selon la couleur de robe, les lèvres sont peu pendantes. Le corps est parfaitement équilibré, un peu plus long que haut ; la queue est longue et bien incurvée, quelquefois courte naturellement, les ergots sont fréquents. La robe se présente le plus souvent sous un poil court à très court, dense, mais aussi sous un poil mi-long avec des franges aux membres, rarement sous un poil dur.Aptitudes : selon ses propriétaires, le berger d’Auvergne est un chien « à tout faire ». Agile, souple d'utilisation, avec une aptitude innée au travail sur troupeau, il se démarque particulièrement pour le gardiennage des vaches. Mais il est « aussi bon dans les troupeaux que pour garder la maison (« garder la porte ») ou même pour chasser ». C’est également un animal robuste, adapté à la vie au grand air et ayant besoin d’espace. Habitué aux hivers auvergnats, il est résistant, de bonne santé.
Caractère : « Très intelligent, polyvalent, facile », selon les rares propriétaires de bergers d’Auvergne. La plupart des sujets rencontrés ont un caractère affirmé mais très amical, quelques-uns sont plus réservés voire méfiants avec les étrangers. Le berger d’Auvergne n’est pas adapté à la vie en ville.
Couleurs : les couleurs sont variées : de fauve clair à fauve fortement charbonné, quelquefois bringé, noir, marron, noir et feu, tout cela avec ou sans blanc (toujours minoritaire) ; à peu près la moitié des chiens sont porteurs du gène merle. Ce gène merle (visible dès la naissance) se rajoute à la couleur initiale de la robe. A cause de ce pelage, on disait parfois localement que ces chiens ressemblaient à des hyènes.
Standard :
L’établissement d’un standard est noté comme un but futur. Il est encore beaucoup trop tôt pour le définir.
Un chien de travail avant tout !
Le berger d’Auvergne doit rester avant tout un chien de travail, sélectionné sur le mental. Il faut faire attention aux effets de mode que pourrait susciter notamment la robe merle, robe très séduisante et rarement rencontrée dans les races de chien (on la trouve par exemple chez le colley ou le berger australien).Ce chien doit rester un chien « intelligent », de travail, avant d’être un chien « beau ». Il est également dit que le chien, pour être adapté au mieux à sa région, doit rester léger et agile.
Les éleveurs auvergnats de vaches seront prioritaires sur toute autre demande pour le placement des premiers chiots.
Aidez-nous à sauver ce chien ! Actuellement, tout reste à faire.
La population de bergers d’Auvergne est pour le moment encore trop réduite pour pouvoir proposer beaucoup de chiots à l’adoption.
Il est également encore trop tôt pour faire officiellement reconnaître ce berger comme une race à part entière.
Cela va se mettre en place petit à petit dans les années qui viennent.
Mais vous pouvez soutenir notre action en adhérant à l’association de sauvegarde du chien berger d’Auvergne, ou encore via des dons qui permettront de mettre en place certaines actions.
Et n’oubliez pas de nous alerter si en Auvergne, autour de vous, vous connaissez un chien probablement berger d’Auvergne.
Spécificités du berger d’Auvergne au travail
- Chien qui semble posséder un caractère affirmé
- Chien qui doit rester, selon les éleveurs locaux, un chien « le plus simple/souple possible d’utilisation »
- Chien qui semble particulièrement bien adapté pour les vaches
- Aptitude innée au travail sur troupeau. Son travail, bien que moins précis que celui du border collie, reste très efficace. Il reste motivé autant sur ovins que sur bovins.
Pour soutenir le chien berger d’Auvergne, adhérez via notre site web !
http://chienbergerdauvergne.jimdo.com/
Retrouvez-nous également sur Facebook :
https://www.facebook.com/Association-de-sauvegarde-du-chien-berger-dauvergne-555120861299515/
Rédaction et photos : Elise Rousseau
Relecture : Arnaud Bourgeois, Jean-François Courreau