Bien connue des jardiniers, elle revient tous les ans au printemps pour faire un festin de pucerons qui parasitent nos haricots verts, nos tomates ou encore nos fèves. Elle nous est familière mais pourtant que sait-on vraiment d’elle ?
Sait-on par exemple que cet insecte de la famille des Coléoptères pond environ une centaine d’œufs jaune foncé en grappe, au revers des feuilles. Il en sortira des larves qui après des mues successives se métamorphoseront une vingtaine de jours plus tard en un « imago », c’est-à-dire la forme définitive de l’insecte. Elle vit environ un an, parfois plus si les insectes nés à la fin du printemps arrivent à se réfugier pour se protéger de l’hiver.
La coccinelle est essentiellement carnassière. Déjà la larve est une goinfre dont le menu principal est le puceron, dont elle consomme près d’une centaine d’exemplaires chaque jour. Au stade adulte l’insecte est tout aussi vorace et on estime à 150 pucerons le contenu de son menu quotidien, mais, gastronome avertie, elle ne dédaigne pas non plus les acariens et les cochenilles. C’est donc une vraie auxiliaire du jardinier. Aussi c’est une grosse erreur de détruire chimiquement les pucerons, car on détruit en même temps les coccinelles. Ce qui, par contre coup et faute de coccinelle, nécessite de ne plus pouvoir ensuite se passer de traitement chimique. Il vaut mieux laisser faire la nature et
favoriser l’installation de ces insectes dans nos jardins en leur aménageant des abris faits de fagots, de petits amas de paille ou de feuilles mortes, d’entassement de pierres plates ou à la rigueur de ces « hôtels à insectes » vendus en jardinerie qui ne sont pas assez profonds pour être efficaces et ont surtout un intérêt décoratif (si vous voulez en fabriquer un, favorisez plutôt l’installation de plusieurs planches de bois espacées de 5 mm les unes des autres). L’important est qu’elles puissent trouver un abri sûr pour passer l’hiver à l’abri du gel, des grosses pluies et des oiseaux qui les pourchassent. Et si elles trouvent un refuge dans votre abri de jardin ou votre garage, ne les délogez pas, elles sont inoffensives et seront prêtes à se reproduire dès le début du printemps. Ce sera l’assurance d’une prochaine année sans pucerons.
On pense généralement que la coccinelle est ce petit insecte rouge ponctué de 7 points noirs qu’on appelle « la bête à bon Dieu ». En fait ce qu’on ne sait pas c’est qu’il en existe une multitude d’espèces : des rouges, des jaunes, des noires, avec 2 points noirs mais aussi selon l’espèce 12, 17, et jusqu’à 24 points.
Vers 1870 on en dénombrait en Europe 36 espèces mais les pesticides, la disparition des haies, l’agriculture intensive, ont fait disparaître beaucoup de ces variétés. En 1960 on n’en dénombrait plus que 16 espèces. Aujourd’hui beaucoup ont disparu définitivement. Un coup fatal a été porté aux survivantes par l’introduction dans les années 1980 de la coccinelle asiatique, espèce orientale élevée et introduite dans le commerce pour lutter biologiquement (!) contre les pucerons. Il en existe plusieurs
espèces aux couleurs variées, mais pas toujours faciles à différencier des espèces européennes. En fait, plus grosses, plus voraces et surtout beaucoup plus prolifiques que nos espèces locales, elles se sont rapidement acclimatées et ont chassé un grand nombre de nos espèces traditionnelles. Elles sont devenues l’espèce de coccinelles la plus répandue chez nous. Avec, à l’entrée de l’hiver, une fâcheuse tendance à envahir les maisons.
Une petite particularité de la coccinelle asiatique : elle mord ! Ça ne fait pas mal car la peau de nos doigts est trop dure pour ses petites mandibules. Mais ça surprend.
La coccinelle asiatique remplit bien son rôle « d’ogre à pucerons ». Mais fallait-il payer cette invasion de la raréfaction de nos espèces européennes ?
C’est une question qui concerne les spécialistes et les entomologistes. Pour le plus grand nombre de jardiniers, une coccinelle reste une coccinelle et pourvu qu’elle nous débarrasse des pucerons, on ne cherche pas à en connaître l’origine.
Alain Redon - Jardins familiaux et collectifs
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