Camargue6

La Camargue est la seule région de France où les traditions tournent essentiellement autour du cheval et du taureau. De Montpellier à Fos-sur-Mer, son culte est reçu comme une religion nommée « la fé di bioù » (la foi envers le taureau).

Son élevage est absolument indissociable du cheval, qui s'affirme avant tout comme le précieux partenaire des gardians pour la conduite et la maîtrise des troupeaux de taureaux sur de vastes espaces que constituent marais et sansouires.

Camargue2Son élevage et son mode de vie
La permanence des conditions de vie d'élevage extensif en semi liberté, reste le garant de la pérennité de la race. Les chevaux se trouvent confrontés aux excès du climat, certes privilégié par son ensoleillement, mais souvent sévère : vents violents, humidité fréquente, froid mordant, chaleur torride l'été, aggravé par le harcèlement de myriades d'insectes piqueurs...
Toutes ces conditions ont façonné une race d'une très grande rusticité, capable de s'y multiplier, de triompher des intempéries et des vicissitudes les plus extrêmes.
Son mode d'élevage pratiquement inchangé depuis fort longtemps, préserve fidèlement ses qualités et contribue grandement à son extraordinaire résistance.
Si le cheval Camargue appartient sans aucun doute à l'une des plus anciennes races de chevaux du monde, son mode de vie, son élevage extensif et son utilisation restent bien particuliers.
Classé parmi les vingt-trois plus belles races de chevaux du monde, d'après la revue « Cheval Pratique », le cheval Camargue fait partie d'une des races les plus rustiques élevées en France.
Notons qu'il détient le record de longévité en France, avec un animal ayant vécu jusqu'à l'âge de quarante-sept ans, à la Roque d'Anthéron dans les Bouches du Rhône.
Si sa longévité est remarquable, il n'atteint sa maturité qu'entre cinq et sept ans, c'est vers cet âge qu'il présente généralement une robe d'apparence complètement blanche, parfois à peine truitée. Toutefois, le cheval Camargue est perçu à tort comme blanc, car il est en réalité gris, couleur obligatoire pour son inscription au stud-book. S'il a la particularité de naître avec une robe foncée, généralement bai, rouan ou gris très foncé, il va avec l'âge, s'éclaircir sous l'effet du gêne « de grisonnement », qui empêche peu à peu la migration des pigments dans le pelage. La robe grise est une particularité unique pour les chevaux primitifs, les autres chevaux sauvages étant généralement bai-brun, isabelle, roux ou fauve.
Si le cheval Camargue est un herbivore peu difficile dans le choix de sa nourriture, souvent adaptée au fil des saisons, il est le seul capable de brouter sous l'eau, les plantes aquatiques des eaux douces et saumâtres.

Camargue3Le cheval Camargue est élevé de manière extensive, en plein air et en semi liberté, c'est d'ailleurs le seul mode d'élevage autorisé pour la race, dans son berceau d'origine.
Suivant le règlement du stud-book, approuvé en 2013, le berceau de la race a été fixé et s'étend sur un territoire incluant le delta du Rhône et ses régions périphériques, ainsi que la définition d'un élevage « en manade »
« Une manade est un élevage en liberté de chevaux Camargue, comprenant au minimum quatre juments reproductrices, stationnées toute l'année dans le berceau de la race, sur un territoire comportant deux hectares par UGB (Unité de Gros Bétail = jument de plus de 18 mois) avec un minimum de 20 hectares d'un seul tenant, en propriété ou en location. »
Toujours selon le stud-book qui fixe les règles, les élevages portent les appellations suivantes :
    « Camargue », les animaux inscrits au stud-book du cheval Camargue, nés et identifiés dans le berceau de la race, appartenant à une manade et ayant reçu la marque à feu avant sevrage.
    « Camargue hors manade », les animaux inscrits au stud-book du cheval Camargue, nés et identifiés dans le berceau de la race, mais n'appartenant pas à une manade ;
    « Camargue hors berceau», les animaux inscrits au stud-book du cheval Camargue, nés hors berceau de la race ;
Notons que seul sont admis à porter l'une de ces appellation les animaux inscrits au stud-book du cheval Camargue.

Aujourd'hui, c'est l'Association des Éleveurs de Chevaux de Race Camargue (AECRC) qui a pour mission, depuis l'arrêté ministériel d'avril 2003, d'intervenir dans la sélection et l'amélioration génétique des équidés, en siégeant à la commission du stud-book du cheval Camargue et par l'élaboration et la conduite d'un programme d'élevage de la race.
Cette association fut créée en 1964 par la volonté de quelques éleveurs soucieux de sauvegarder la race de leurs chevaux et de la préservation du milieu spécifique à son élevage.
C'est elle qui fixa les caractéristiques de la race (qui aboutira au standard de la race), qui délimita une aire géographique propre à l'élevage du cheval Camargue, qui deviendra le berceau de la race.

En 1967, fut entrepris un premier recensement des produits, ainsi que la définition d'une manade.

En 1978, récompensant leurs efforts, et avec le support logistique du Parc Naturel Régional de Camargue (PNRC), la race du cheval Camargue fut officiellement reconnue.

Camargue4En 2003, l'AECRC est agréée pour la sélection et l'amélioration génétique des équidés et s'ouvre à tous les éleveurs français, quel que soit le lieu d'implantation de l'élevage et le nombre de juments reproductrices.

Tous les ans, au mois de février, l'AECRC, en collaboration avec le PNRC et la Maison du Cheval Camargue, organise un grand salon « CAMAGRI », réservé au cheval de race Camargue, où pendant trois jours, toutes ses qualités et sa polyvalence sont mises en avant.

C'est en septembre, au Mas de la Cure, siège de la Maison du Cheval Camargue, que l'AECRC organise un autre événement important, le Championnat du Cheval de Race Camargue. Les éleveurs « volontaires », car depuis 2013, la réglementation ne les obligeant plus, viennent présenter leurs étalons devant l'œil avisé d'un jury. Si l'animal présente de réelles qualités (modèle, allures et tri de bétail), il recevra sur son carnet d'immatriculation, la mention « recommandé », apportant à l'étalon une plus-value certaine. Depuis 2013, les éleveurs peuvent aussi présenter leurs juments à la recommandation.

 

La vie de la manade au fil des saisons

Printemps / été :
C'est aux premiers beaux jours, dans leur habitat naturel, au milieu des marais et des sansouires que naissent les poulains, sans aucune intervention de l'homme.
Au moment de mettre bas, après une gestation de onze mois, la jument va s'écarter du troupeau et chercher un endroit calme, à l'abri des regards. Très protectrice, elle restera à l'écart le temps que son poulain assure son équilibre, ce qui lui prendra deux ou trois heures. Après avoir pris sa première tétée et encore vacillant, il regagnera avec sa mère, le troupeau de juments et poulains déjà nés.
Naturellement, les poulains se regroupent entre eux. Ensembles, vifs et gracieux, ils vont très vite afficher leurs caractères, tout en exécutant de brefs galops dans tous les sens, afin de se mesurer les uns aux autres en des joutes où ils manifesteront des velléités, tout en apprenant les règles de vie du troupeau et de sa hiérarchie.
Si le printemps est le moment privilégié des naissances, c'est aussi celui de la reproduction.
L'étalon (ou grignon) choisi par l'éleveur et lâché au milieu du troupeau de juments. Il y restera environ deux mois, saillissant chaque jument, dès que celle-ci sera « en chaleur », c'est-à-dire réceptive à la conception.
Cette monte qui s'effectue aussi en totale liberté (la seule autorisée par le stud-book), a un taux de réussite de près de 80%, voire plus, ce qui confirme la valeur de la méthode.
A cette période, pendant la journée, les bêtes affectionnent particulièrement les endroits frais des baisses et des roselières, où les insectes piqueurs leurs laissent un peu de répit. Ce n'est que le soir qu'elles regagnent les hauteurs des lévadons.

Camargue1Automne :
Peu à peu vont s'égrener les jours qui avancent vers l'automne, période où les poulains sont déjà assez indépendants vis à vis de leurs mères. Celles-ci, porteuses d'un futur poulain voient leurs ventres s'arrondir doucement.
Pour les poulains, cette période marque le début d'une nouvelle vie. C'est à ce moment que l'éleveur les séparent des mères afin de procéder à la ferrade (marquage).
Afin d'éviter toutes fraudes, les poulains issus de parents inscrits au stud-book de la race Camargue seront marqués au fer avant le sevrage, car la certification de filiation se fait sous la mère.
Pour le marquage on retrouve deux méthodes : Conduit d'abord un à un dans un bouvaù (enclos résistant fabriqué en bois), les poulains sont attrapés et immobilisés. Certains éleveurs préfèrent les marquer au sol, maintenus par plusieurs personnes afin d'éviter toutes blessures, tandis que d'autres privilégient le marquage debout.
Chaque poulain recevra sur la cuisse gauche la marque de son élevage, qui attestera de son origine. Celle-ci est constituée d'un manche en bois, au bout duquel une tige de fer se termine par la marque de l'élevage. Différente pour chaque éleveur, elle représente soit un signe ésotérique, une initiale, un symbole héraldique ou tout autre motif.
Il recevra aussi une lettre correspondant à son année de naissance (les poulains qui seront nés en 2016 recevront la lettre G) et un numéro correspondant à son ordre de naissance au sein de son élevage. La lettre et le numéro seront généralement apposés sur l'encolure côté gauche pour les mâles, et sur la cuisse, au-dessus de la marque de l'élevage, pour les femelles (cette méthode permet d'identifier les juments non dressées au milieu des pâturages.
Une puce électronique (transpondeur) contenant un numéro d'identification, obligatoire pour tous les chevaux, leur sera implantée dans la partie haute de l'encolure.

Hiver :
C'est la saison du sevrage et du rapprochement avec les hommes. Ils sont maintenus en contact avec l'éleveur afin de les familiariser à leur présence.
Mis à l'attache en écurie, ils seront quotidiennement manipulés, caressés, brossés, sortis en longe et « agourmandis », récompense de leur bon comportement. Ainsi, ils se familiariseront pour toujours à la présence humaine et à la gourmandise.
Au bout de quelques semaines et lorsqu'ils seront complètement sevrés, ils seront relâchés : les poulains intègreront le troupeau des jeunes chevaux composé de doublen (2 ans) et ternen (3 ans) et les pouliches regagneront le troupeau de juments.
Ainsi se sera écoulée la première année de vie des poulains... Deux ans plus tard, les mâles atteindront l'âge d'être montés.
Ramenés à l'écurie, ils se retrouveront à l'attache, à proximité d'un cheval calme et dressé, afin de le rassurer.
Le débourrage (faire accepter au cheval, le cavalier monté aux trois allures) effectué par le gardian ou un dresseur professionnel dure un mois au minimum, tout dépend du caractère du jeune cheval. Une fois le cavalier accepté, commence le travail de dressage qui peut durer plusieurs années, selon les disciplines auxquelles son propriétaire le destine (tri de bétail, loisir, endurance...).

Camargue5Ma maison du cheval Camargue
En 2002, l'association Mas de la Cure, Maison du Cheval Camargue, ayant pour but la mise en valeur du patrimoine équin et culturel, élabore un projet ambitieux, validé par le Conservatoire du Littoral, propriétaire du site du Mas de la Cure depuis 1985.
La mise en place de ce projet intitulé « pour une approche globale de la Camargue au moyen de l'activité équestre », fruit de rencontres et d'échanges entre personnes attachées à la culture camarguaise se décline en trois thèmes complémentaires :
   * Sensibiliser les jeunes aux métiers du cheval ;
   * Utiliser le cheval Camargue à des fins thérapeutiques, réeducatives et de loisirs en direction de personnes atteintes de déficiences physiques, mentales ou en difficulté sociale ;
   * Conserver et valoriser le patrimoine équin par la création et l'accueil de manifestations événementielles et ouvrir le domaine aux personnes (individuels, groupes et scolaires) qui voudraient découvrir l'histoire du cheval Camargue, ses utilisations passées et actuelles, tant économiques que culturelles.

Le Mas de la Cure ouvre ses portes au public individuel d'avril à septembre en proposant des visites pédestres commentées les mercredis et vendredis de 10h à 11h45.
Les groupes composés de 12 personnes minimum et les scolaires y sont accueillis tout au long de l'année.
Nos visites guidées offrent le privilège de partir à la rencontre du troupeau de jument de notre élevage, pour les observer dans leur habitat naturel et sauvage.
Histoire du cheval Camargue, son utilisation dans le travail avec les taureaux, son harnachement typique, son rôle dans la biodiversité n'auront plus de secrets pour vous après notre rencontre.


Mas de la Cure


Contact

La Maison du Cheval Camargue
Mas de la Cure, Route d'Arles D570 - 13460s Saintes Maries de la Mer
(En face du Château d'Avignon)
Tél : 04 90 97 76 37
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www.maisonduchevalcamargue.com

 

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