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La vache Froment du Léon, autrefois surnommée « vache à madame » du fait de son caractère doux, voit aujourd’hui ses qualités de beurrière hors pair mises en valeur par des éleveurs soucieux de développer un modèle agricole à échelle humaine, où la transformation à la ferme et les circuits-courts ont toute leur place. Elle est une très belle illustration de l’intérêt de préserver notre biodiversité agricole et de chercher à la redévelopper aujourd’hui.

 Froment du leon2La Bretonne froment du nord de la Bretagne
Si les premiers zootechniciens du XIXè siècle ont très vite reconnu le bétail du sud de la Bretagne, la Bretonne pie noir, comme une entité digne d’intérêt, ils ont été davantage désarçonnés par la population du nord, plus hétérogène, qu’ils ont toujours eu plus de difficultés à décrire. Deux entités semblent cependant s’être imposées : une population à robe blonde ou froment sur la zone côtière tempérée par le Gulf-Stream, la « ceinture dorée », et une population rouge et blanche ou pie-rouge plus à l’intérieur des terres, toutes deux plus grandes que la petite bretonne du sud.

En 1840 arrive le premier taureau Durham à Quimper, suivi de beaucoup d’autres. Cette Durham anglaise a aussitôt beaucoup de succès dans le nord Finistère et dans la riche région du Léon, dans l’arrondissement de Morlaix où ses croisements avec le cheptel local donnent naissance à la population Durham-bretonne qui deviendra par la suite la race Armoricaine. Cela pourrait expliquer que la race « Léonnaise », décrite sous le nom de « Froment du Léon » par Henri George en 1903, ait très vite disparu de sa région éponyme pour se trouver cantonnée dans la région comprise entre Paimpol et St Brieuc dans les Côtes d’Armor qui est aujourd’hui considérée comme son véritable berceau. Plus tard, on la rencontrera surtout dans l’arrondissement de St-Brieuc.
La race n’a jamais été très nombreuse. On lui rattachait 35 000 sujets en 1907, 25 000 en 1932 et 5 000 en 1962 ce qui devait représenter pour cette dernière année environ 3 000 vaches.

Le herd-book de la race est créé en 1907 à St-Brieuc. La Froment du Léon est présentée au Concours Général à Paris en 1914 pour la première fois et jusqu’en 1939. Elle porte aussi le nom de « Bretonne Froment ». Mais en 1947, elle fait partie des races écartées de cette manifestation par l’inspecteur du Ministère de l’Agriculture : Quittet.

Les éleveurs de Froment du Léon furent parmi les pionniers du contrôle laitier dans les Côtes d’Armor après la seconde guerre mondiale. Cependant, la race perd du terrain dans les années cinquante et soixante sous la poussée de la race Normande dont les caractéristiques de race mixte qui valorise à la fois le lait et la viande est le type bovin en vogue à l’époque. Si la Froment est réputée pour la qualité de son lait et en particulier de son beurre, elle est handicapée alors par la faible valeur de ses veaux et de ses réformes.

Froment du leon3En 1961, les représentants de la « Société des éleveurs de la race bovine Froment du Léon » qui souffrent cruellement de l’absence de taureaux pour l’insémination animale voulue par la politique « Quittet » (certaines races comme la Froment étaient exclues de l’insémination), décident de tenter d’importer de la semence de taureaux de la race cousine de Guernesey, directement de l’île de Guernesey.
Après plusieurs allers et retours, à Guernesey, de délégations de notables bretons, l’importation par le centre d’insémination de Créhen (22) de la semence de 3 taureaux Guernesey est autorisée. Les 261 paillettes arrivent en France en 1963 et, dès 1964, elles permettent d’inséminer des vaches Froment.

Un sauvetage in extremis
En 1978-1979, lorsque l’ITEB (ancien nom de l’Institut de l’Élevage) s’intéresse à la race Froment et réalise un inventaire des animaux restants, la situation semble catastrophique. Moins d’une centaine d’animaux sont retrouvés dans la région dite du « Goélo », à l’ouest de St-Brieuc (22), autour d’Etables sur Mer, Binic et Lantic. Deux troupeaux sont un peu plus excentrés : l’un à Jugon les Lacs entre Lamballe et Dinan (Charles de Lourmel) et l’autre à Plouagat (Fromager Fréres). Il n’y a plus d’inséminations réalisées en Guernesey et des taureaux Froment sont retrouvés. Il est possible de tenter quelque chose pour sauver cette race.

Froment du leon 4L’ancienne « Société des Eleveurs de Froment du Léon », en sommeil, se reconstitue. La collecte de semence des quelques taureaux disponibles est jugée prioritaire. En 1981, trois taureaux entrent au Centre d’Insémination Animale de Créhen (22) : Kerouzien et Gentil du vieil élevage Fromager et Poltron de l’élevage Luco, d’Etables sur Mer. Pour gagner du temps, car les éleveurs ne disposent pas encore de semence Froment et inséminent en Pie-Rouge des Plaines, il est importé 50 doses de semence de deux taureaux Guernesey du Milk Marketing Board anglais.

Début 1982, on dispose enfin et pour la première fois de semence de taureaux Froment pour l’IA en France. Entre-temps cependant l’effectif a continué à diminuer et le recensement effectué par l’ITEB qui constitue la première phase de la création du livre généalogique de la race fait état de 41 femelles dont 32 de plus de deux ans chez 18 propriétaires. En 1982 un quatrième taureau, Plouagat, né dans l’élevage Fromager, est retrouvé dans le Finistère.

Kerouzien, Poltron, Gentil et Plouagat sont les quatre taureaux qui structurent la race Froment. Tous les autres taureaux disponibles à l’IA en descendent. Aujourd’hui, les éleveurs ont le choix parmi 13 taureaux Froment à l’insémination dont les 4 initialement collectés.
La race compte actuellement environ 350 femelles dont 240 vaches chez une centaine de propriétaires. Les profils des éleveurs sont variés : amateur voulant participer à la conservation d’une race locale en élevant et faisant reproduire quelques femelles, professionnel laitier éleveur d’une race classique souhaitant avoir quelques vaches de races locales pour là encore aider à sa sauvegarde et de plus en plus d’éleveurs souhaitant développer un atelier de transformation et vente directe à la ferme en valorisant une race locale. Même si ces chiffres restent faibles, ils sont en progression lente mais constante ces dernières années ce qui prouve que l’avenir de la race n’est plus menacé à court terme, même si sa situation reste fragile.

Produits laitiers froment du leonLa Froment du Léon, tellement crème et vachement beurre
La race Froment du Léon est une race de taille moyenne, de tempérament éveillé mais familière et docile. Les vaches pèsent aux alentours de 500 kg et mesurent environ 1,30 au sacrum. Sa tête est longue et fine, ses yeux à fleur de tête, ses cornes fines, longues, en lyre ou en croissant. Sa robe va du froment clair au froment foncé, avec ou sans taches blanches, son mufle est parfois très légèrement marbré, ses paupières et muqueuses de la bouche sont rosées et exemptes de taches noires.

Elle a la peau fine et se complaît dans les régions humides et tempérées de la zone littorale baignée par le Gulf-Stream. Elle est moins rustique et plus délicate, que l’Armoricaine ou la Bretonne Pie Noir.

C’est une race de type laitier dont la production, peu précoce, est d’environ 4 000 kg de lait à un peu plus de 45g/kg de TB et 33 g/kg de TP en lactation adulte (source : résultats contrôle laitier 2015). Son lait est très riche en béta-carotène, caractéristique qu’elle partage avec la race Guernesey. Le beurre de Froment, d’une extrême finesse est, au printemps, couleur pelure d’orange. C’est assurément une beurrière hors pair dont le lait ne convient pas à la fabrication de tous les types de fromages, notamment ceux à pâte cuite, car trop gras.

Cette race raffinée, qui autrefois était qualifiée de « race des châteaux » parce qu’elle était prisée par la noblesse du nord de la Bretagne, est une race idéale pour ceux qui souhaitent obtenir un lait de qualité pour la transformation à la ferme et la vente directe sur de petites structures. La demande de femelles de jeunes éleveurs qui souhaitent s’installer dans ce type de structure est d’ailleurs en croissance. Le beurre, rare, de Froment du Léon est d’ailleurs recherché par les connaisseurs avertis. Pour éviter que certains ne profitent de cette notoriété naissante en trompant le consommateur, le syndicat des éleveurs de Froment du Léon a travaillé, avec l’aide de la Fédération des Races de Bretagne, à la mise en place d’une marque qui ne peut être apposée que sur les produits faits quasi-exclusivement à partir de lait de vaches Froment du Léon dont le slogan est : la Froment du Léon, tellement crème et vachement beurre.
L’avenir de cette belle race, aux produits si spécifiques, semble prometteur, surtout dans une période où le consommateur est de plus en plus vigilant sur l’origine des aliments qu’il mange et la façon dont ils sont produits ●


Logo froment du leon2Pour en savoir plus :
Syndicat des éleveurs de la Race Froment du Léon
Présidente : Claude Kerangueven, Penn ar menez 29590 Quimerc'h
02 98 26 93 50
Site web : www.lafromentduleon.com

Institut de l’Elevage - OS des races bovines locales à petits effectifs
Delphine Duclos - Institut de l’élevage - 149 rue de Bercy, 75595 Paris Cedex 12.
01 40 04 52 84 – Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


Source : Une grande partie des informations de cet article (surtout l’historique) est tirée d’une fiche sur la race Froment du Léon rédigé par Laurent AVON (Institut de l’Elevage) en 2009.

 

 


 

 

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