Comme beaucoup d'autres races, le Cotentin porte le nom de son berceau, et une part de l'histoire de son terroir. L'élevage du Cotentin était jusqu'à une époque récente lié à l'élevage des chevaux de course. Les grands haras de la Manche et du Calvados avaient leur petite troupe de brebis Cotentines.
La Cotentine a forgé dans ce voisinage avec les animaux les plus connus de la planète, les stars des hippodromes, un certain goût aristocratique pour des conditions d'élevage confortables. Ces éleveurs de chevaux lui ont ouvert les portes de concours qui, pour être locaux et bien moins dotés que les grands prix hippiques, n'en représentaient pas moins un enjeu de notoriété fondamental pour ces élevages
Cette tradition d'élevage dans les haras se perd, la Cotentine est aujourd'hui élevée par tout un chacun dans le bocage de la Manche, mais elle n'a rien perdu de ses qualités. Elle s'épanouit pleinement dans les innombrables petits élevages qui l'accueillent. Les éleveurs actuels ont gardé et cultivé l'intérêt pour les concours, et l'art d'apprêter un animal, en partie hérité de la tradition équine.
Standard
Un bélier Cotentin doit « avoir de la race », « être fait en montant » et arborer avec fierté sa tête large et rose (souvent lavée et rasée pour les présentations) émergeant de son abondante toison d'un blanc parfait. Un mufle large, un chanfrein presque concave achèvent de peindre le portrait de cet animal puissant . Les femelles atteignent fréquemment les 100 kg et certains mâles dépassent allègrement les 140 à 150 kg.
La toison épaisse, semi fermée, avec des fibres d'un diamètre d'environ 35 µm, d'une longueur de 12 cm, peut atteindre 6 à 7 kg pour les mâles.
Enfin, n'oublions pas que c'est aujourd'hui une race à vocation bouchère, avec de réelles qualités maternelles (prolificité : 1,8 agneau par mise-bas) et de conformation.
Origines
Les origines de la race ont fait l'objet de travaux conduits par M. Louis Reveleau. Comme toutes les races herbagères de l'ouest de la France, elle est originaire d'une population locale que l'on serait bien en peine de décrire. Cette population a subi au cours des siècles des modifications par infusions de sang successives des races considérées comme amélioratrices suivant les époques. Deux influences semblent se détacher dans le cas de la Cotentine : les apports de sang flandrin à la fin du XIXème siècle, dont découle la bonne prolificité de la race, et des influences du groupe des « longwool » anglais, probablement du Dishley, qui a permis d'augmenter la longueur de la mèche et le gabarit des animaux.
La sélection dans son milieu d'élevage particulier avec les objectifs particuliers de ses éleveurs on finit, de génération en génération, de façonner cette race étonnante.
Effectifs
La Cotentine fait partie des races à faible effectif. Environ 200 brebis réparties dans quinze élevages sont suivies en contrôle de performances et reconnues par l'OSCAR (Organisme de Sélection Cotentin Avranchin Roussin). Cette petite élite d'éleveurs n'est cependant pas représentative, en nombre, de la quantité d'élevages existant dans la Manche, mais qu'il est impossible de dénombrer avec précision (probablement près de 1 000 élevages et 5 000 brebis, plus ou moins pures).
La Cotentine tire la vigueur de sa population du nombre important d'éleveurs hors UPRa et de l'engouement que suscite ce mouton puissant et imposant dans les concours agricoles d'été. Ses qualités décrites ci-dessus en font un animal apprécié des éleveurs exigeants sur la présentation de leurs animaux.
Production de viande
La Cotentine peut produire des agneaux de 20 kg de carcasse, mais c'est avec des bêtes abattues aux alentours de 25 kg qu'elle nous offre le meilleur de sa viande. Évidemment, ces agneaux lourds ont quelques difficultés à être vendus dans les circuits de commercialisation classiques, mais le réseau dense et compétent de petites boucheries locales connaissant ses qualités suffit à écouler la production. Les larges côtelettes des agneaux Cotentins font le régal des gourmets, l'été, sur le barbecue. De plus, la tradition des rôtisseurs dans le Nord Cotentin conforte cette race. Présents sur tous les marchés et dans les foires, ces derniers permettent aux amateurs de profiter pleinement des qualités gustatives exceptionnelles de ces animaux.
Article paru dans La Lettre de ProNaturA - Juillet 2013
Maison de l'agriculture de Saint-Lô