Tambour 1

 

Nous abordons ce groupe très particulier de nos races de pigeons par le compte-rendu de l'exceptionnelle exposition de Draguignan qui a rassemblé à l'automne dernier la totalité des races de Tambours existantes, et qui plus est présentées par un seul éleveur : Charasse !

Viennent ensuite deux visites d'élevages. En France, d'abord, chez Jack Charasse, puis en Allemagne, pays de prédilection de la plupart de ces races, chez Stomirov. Deux personnages étonnants et intarissabes. C'est dire si nous entrons avec les Tambours dans un monde de passionnés ! Mais aussi dans un univers encore trop confidentiel : les éleveurs restent beaucoup trop rares en France. Et si, en découvrant les qualités et la beauté hors normes de ces pigeons, il vous prenait l'idée d 'élever des Tambours ?


Texte tiré de "Colombiculture"

101 Tambours à Draguignan : tous à Charasse !
Anthime Leroy

Une présentation extraordinaire de tous ces pigeons Tambours existant en Europe et en Afrique du Nord a eu lieu les 16, l7 et 18 Novembre 2001 à Draguignan.
Une particularité : les 101 sujets exposés (individuels et volière) appartenaient tous au même éleveur Jack Charasse !
Et beaucoup n'avaient jamais été vus en France. 89 sujets (tous différents) étaient exposés hors concours. Une volière et six sujets individuels étaient en compétition.
La volière, des Coquille et Visière papillotés noirs, comme sortis ou fabriqués par une photocopieuse, obtient l'Excellent 97. Un papilloté bleu et un jaune (Coquille et Visière) obtiennent 96.
Chaque race avait sur les cages le standard correspondant, ce qui a énormément intéressé les visiteurs. Il y avait aussi de nombreux panneaux avec tous les standards agrandis et en couleur, des dessins grands formats de plusieurs races et un panneau représentant les pigeons tunisiens, dont bon nombre de Tambours.

Voici l'inventaire complet de ce tour de force colombicole réalisé par Jack Charasse.
   * Tout d'abord 21 Coquille et Visière en bleu barré, écaillé blanc, jaune pois barré, rouge cendré écaillé, unis en blanc, noir, jaune, bleu, indigo, papillotés an noir, rouge, jaune, bleu, tous superbes en force et en pantoufles ;
   * Les Simple Visière (15 sujets), un très beau pigeon que l'on ne voit pas chez nous. Là aussi une collection formidable et des pantoufles exceptionnelles. Unis en blanc, bleu et rouge, barré et écaillé an bleu, rouge cendré et jaune cendré, des bleus barrés et écaillés blanc, des jaunes pois et, surtout, des rouges et des jaunes rècessifs moines ! ;
   * Les Vogtland (6 sujets), pigeons magnifiques, très difficiles à réussir parfaits, en rouge, noir, uni et barré en bleu, argenté et rouge cendré, écaillé en bleu. Le Vogtland à la tête, le vol et les pantoufles blancs, mais à queue colorée ;
   * Les Queue Fourchue (2 sujets), rare et gros pigeon avec ses grandes pantoufles et ses grandes et larges plumes à la queue qui est fendue. En bleu barré et écaillé ;
   * Les Dresde (2 sujets), au manteau immaculé en jaune et rouge ;
   * Les Anglais (5 sujets), pigeon exceptionnel de beauté, le champion des pantoufles. Présenté en jaune, rouge uni, papilloté an noir, rouge et jaune ;
   * Un seul Harzbourg, en jaune. C'est un Dresde sans coquille ;
   * Deux Tambours d'Arabie, en blanc et jaune atlas ;
   * Deux Jridi, joli petit pigeon semblable au Simple Visière, mais sans celle-ci ;
   * Le Schmölln (3 sujets) : assez gros pigeon botté et à queue fendue, présenté en barré bleu, argenté et jaune cendré ;
   * Deux Bernbourg, assez gros pigeons moines (tête, vol, queue et pantoufles blancs), an noir et rouge ;
   * Neuf Tambours de Franconie, en bleu et argenté barré, bleu et argenté sans barre, argenté alouette, uni en noir et en blanc, rouge et jaune cendré écaillé ;
   * Trois Boukharie en noir, rouge et jaune uni ;
   * Enfin la grande cavalerie des Altenbourg (14 sujets), celui qui tambourine le plus. Présentés en noir uni, écaillé et barré en bleu, argenté, rouge et jaune cendré, papilloté en bleu, en noir, à tête et vol blancs an bleu, argenté, écaillé en bleu.

 


Visite d'élevage : Jack Charasse, le "tambourinaire"
par Robert Ripaldi

On est de prime abord décontenancé par des locaux qui paraissent surpeuplés. L'oeil s'y habitue vite et l'on découvre petit à petit la plus complète collection de Tambours qui existe. Ils sont tous là, les plus connus comme les " Allemands à Coquille et Visière ", aux pantoufles impressionnantes et dans toutes les couleurs (y compris le bleu andalou), et les plus rares, le pense aux " Anglais " ou aux " Vogtland " qui, même en Allemagne, ont besoin qu'on se penche à leur chevet. D'ailleurs, le maître des lieux adore jouer avec les couleurs, et cette science l'aide à régénérer des races qui sont à bout de souffle.

Globalement, le groupe des Tambours est certainement le moins demandé de tous. Pourtant, les races sont nombreuses et attrayantes. Peut-être les pattes emplumées qui sont communes à presque tous les Tambours effraient-elles les éleveurs. Ils ont sûrement tort car les pantoufles de ces races sont très solides et supportent parfaitement un élevage normal.

Chez Charasse, le sol est couvert de paille et les volières pleines de coins et de recoins où les Tambours, plutôt calmes, aiment bien se retrouver chez eux. Chez Jack, peu de place, mais chaque couple se plait dans son espace et les oeufs ne sont pas clairs sans toilettage.

Les " Altenbourgs ", par contre, sont toujours en mouvement. Ces excités, qui occupent les cases du haut, ont même tendance à abandonner tôt leurs jeunes pour refaire une couvée. Quant à leur voix, c'est certainement la plus puissante de la famille Tambour !

Faisons une revue d'effectifs :
Les " Coquille et Visière " sont très bien, mais ce n'est pas étonnant car cette race est la plus au point partout.
Les " Anglais " auraient besoin d'un apport nouveau, mais là aussi c'est comme partout. D'ailleurs les juges devraient les encourager, malgré un standard très exigeant, sinon ils disparaîtront. Certes, il est facile d'éliminer un sujet avec un oeil perlé. Mais nous le regretterons. Alors un peu d'encouragement lui fera plus de bien qu'un trait sur la carte.
Les " Boukharie " ne sont pas terribles chez jack, mais j'en ai vu de beaux chez Stomirov (j'en parle plus loin).Nous en arrivons à une des plus belles réussites de l'élevage : les " Allemands à simple visière ". Ils sont de toute beauté dans des variétés que l'on voit peu chez nous : des bleus barrés blanc, des maillés blanc, des jaunes et rouges rècessifs, des moines. En papillotés, une palette de bleus, de rouges et de jaunes.
Les " simple visière " sont bien sûr plus petits que les " coquille et visière " mais sont très élégants et se reproduisent fort bien.

Passons aux autres races, dont le très étonnant " Tambour Allemand à queue fourchue ", qu'il est le seul à élever en France. Ce pigeon impressionne par sa force et surtout par sa queue très longue et incroyablement séparée en deux. Très spectaculaire, il est malheureusement pas très prolifique et il est difficile d'en obtenir des jeunes.

Il y a les " Tambours d'Arabie " dans la jolie variété " jaune Atlas ", dont le fanon n'est pas plus marqué que dans les autres couleurs.
Des " Bernbourg " majestueux, bien marqués et aux couleurs très pures.
Des " Franconie " bien forts, bien larges, avec une large coquille. Race sans problème et très active.
Des " Dresde " rouges, jaunes avec pas mal de déchets.
Pas de " Harzbourg ", qui est un Dresde sans coquile.
Des " Schmölln " qui lui aussi a la queue fourchue, mais les pattes seulement bottées.
Et les " Jridi ", inconnus en France et originaires d'Afrique du Nord. Il est pattu, à tête lisse, et souvent papilloté.

On ne peut clore cet inventaire sans parler des " Vogtland ", très rares, dans des variétés qu'il n'arrête pas d'enrichir. Car, vous vous en doutez, pour faire progresser une telle quantité de races, il faut avoir une connaissance parfaite de chacune d'entre elles. Et si un seul éleveur en France les connaît, c'est Jack Charasse, à la fois sérieux et rigolard dans sa barbe fleurie. Connaissant le moindre détail qui caractérise chaque race, il jongle avec les couleurs et il sait comment renforcer telle ou telle qualité de chacune d'elles.

Les Tambours sont une grande famille, et beaucoup d'entre eux sont cousins. Connaissant les caractères dominants et récessifs de chacun, il améliore et apporte des variétés nouvelles sans passer chez le marchand. Les Allemands, qui le connaissent bien, apprécient son savoir faire et sa compétence. Son plus grand regret est de ne pas voir plus d'éleveurs de Tambours en France.

Son pigeonnier, situé dans la colline sous des chênes et des mimosas, résonne sans arrêt du chant bien particulier de ses oiseaux. Jack Charasse, nommé le " tambourinaire ", mérite d'être connu et je serai heureux si quelques curieux pouvaient le rencontrer. Ils ne le regretteraient pas.

Pour presque tous, ces races ne sont pas très connues. Aussi j'ai demandé à Jack de tracer en quelques mots les caractères de chacune d'elles. C'est très utile, et seul un spécialiste peut le faire. Les juges devraient apprendre par coeur ces quelques lignes, cela les aiderait à dépister les meilleurs.


Visite d'élevage : Stomirov, le roi des Boukharie
par Robert Ripaldi

Ici, c'est le temple des Tambours de Boukharie, le plus ancien de tous les Tambours.

On dit que Stomirov est champion du monde, et c'est vrai que je n'en ai jamais vu d'aussi beaux, et ce dans toutes les variétés. Et encore, nous étions en période de mue !
Chez ce pigeon, tout est en rondeurs : le corps, la rosace, la coquille et les pantoufles. C'est une superposition de ronds. Ceux de Stomirov sortent tous du même moule, et quel moule ! Les rosaces sont loin de tout ce que j'avais vu auparavant. Certaines atteignent 7 centimètres de diamètre.

Toutes les variétés sont présentes, avec tous les champions qui ont triomphé en Allemagne

et ailleurs. Les jaunes sont fabuleux et la couleur d'une pureté impressionnante, mais il y a aussi les rouges, les noirs, les bleus, les écaillés, les papillotés et les bicolores. D'un tempérament très calme, les " Stomirov " sont logés dans un local bien protégé du froid (nous sommes en AI I ema gnej. Les cases sont spacieuses, classiques. Une note de fantaisie : des bouquets de lavande jvenant sûrement du Midi de la Francel sensés éloigner les insectes, mais en réalité pour faire joli.

L'homme, d'origine yougoslave, est plutôt grand, toujours souriant, connaissant la valeur de ses pigeons et surveillant du coin de l'oeil si on apprécie. Et on ne peut qu'apprécier. Les antispécistes qui considèrent le Tambour de Boukharie comme race torturée devraient venir les voir vivre tout à fait normalement, et ce depuis des centaines d'années. On croit qu'il voit mal : ce n'est pas vrai. La rosace est suffisamment relevée. On croit que ses pantoufles l'empêchent de marcher : c'est faux. Dirigées vers l'extérieur, elles ne le gênent nullement.

D'ailleurs, nous sommes bien décidés à dénoncer toutes les bêtises qui seront dites contre nous au fur et à mesure qu'elles seront écrites.







L'essentiel des Tambours, comment les reconnaître
par Jack Charasse

Pour faciliter la connaissance des Tambours, j'ai volontairement préparé des dessins et des commentaires très simples. Chaque race est décrite en quelques mots. Ceci vous permettra, je j'espère, de les différencier les unes des autres. Seuls les caractères essentiels et les défauts rencontrés habituellement dans chacune des races sont mentionnés.

Jridi :
Originaire d'Afrique du Nord. Tête lisse. Ressemble au simple visière, mais sans la visière.
Défaut habituel : début de visière.

Le Boukharie :
Tout en rondeurs (corps, rosace, pantoufles, coquille). Bas sur pattes, plumes molles, oeil perlé.
Défauts habituels : manque de force, plumes raides.

L'Allemand à coquille et visière :
Fort, grand, superbes pantoufles. Belle coquille oeil de coq.
Défaut habituel : oeil perlé (issu de croisement avec le Boukharie).

Le Dresde :
C'est un Allemand à coquille et visière à manteau blanc. N'existe en rouge et jaune, très rarement en noir.
Défauts habituels : pantoufles fendues et avec des plumes blanches.

Le Horzbourg :
C'est un Dresde sans coquille.

Le Franconie :
Assez gros de la poitrine et de la tête. Belle coquille large. Visière horizontale. Pattes lisses.
Défauts habituels : plumes aux pattes, manque de force.

L'Allemand à simple visière :
Plus petit que le Coquille et Visière. Pantoufles plus imposantes, arrondies, oeil de coq.
Défaut habituel : pantoufles fendues.

Le Vogtland :
Simple visière. Tête, vol et pantoufles blancs, queue colorée, pointe colorée sous l'oeil.
Défauts habituels : dos blanc, pantoufles colorées.

Le Queue Fourchue :
Grand, gros, queue composée de plumes très larges et très longues, bien tendues en leur milieu.
Défauts habituels : pantoufles fendues, manque d'ampleur dans la queue.

Le Schmölln :
Aussi la queue fendue, mais moins d'ampleur. Botté.
Défauts habituels : queue non fendue, trop de plumes aux pattes.

L'Arabie :
Petit, tête de tourterelle et... fanon.
Défaut habituel : manque de... fanon.

Le Bernbourg :
Très gros pigeon moine. Tête, vol, queue et pantoufles blanches, manchettes colorées.
Défaut habituel : manque de force.

L'Anglais :
Exceptionnel par sa largeur, ses pantoufles, sa coquille et sa visière très particulières (étroites et pointues). Corps en triangle.
Défauts habituels : trop long, structure insuffisante, oeil perlé.

L'Altenbourg :
Front très haut, poitrine ronde, une voix de Stentor, oeil perlé même chez les blancs.
Défaut habituel : front fuyant.


 

Affiche site