Brochet1Le brochet commun, Esox lucius linnaeus, 1758, est répandu dans toute la France (comme dans tout l'hémisphère nord) ; deux autres espèces locales peuvent cependant être mentionnées : Esox aquitanicus et Esox cisalpinus.Le premier, Esox aquitanicus est présent de la Charente jusqu'aux Pyrénées (bassin de l'Adour) et le second dans les Alpes car très présent en Italie du nord. Seuls, quelques détails comme les marbrures, une couleur ou la taille du "bec" permettent aux spécialistes de faire la différence.

Brochet2Pour mémoire, il existe d'autres représentants des ésocidés dans le monde :
   * Le maskinongé (Esox maquinongy) qui peuple les grands lacs américains ; c'est le plus grand qui peut atteindre près de 2 mètres et plus de 40 kg.
   * Le brochet maillé (Esox niger) qui vit dans le sud de l'Amérique du Nord ; il atteint la même taille que notre brochet français.
Esox americanus qui compte deux sous-espèces : le brochet d'Amérique, Esox americanus americanus et le brochet vermiculé, Esox americanus vermiculatus ; ce sont de petits brochets qui arrivent respectivement à 40 cm et 25 cm. Ils sont également nord-américains.
   * Le brochet amour (Esox reichertii) qui se trouve dans l'est de l'Asie, dans le bassin du fleuve Amour ; il atteint la même taille que Esox lucius.

Brochet3Notre sujet sera Esox lucius

Ce poisson est carnassier et grand prédateur ; grand parce qu'il peut atteindre une taille de 1,30 m (record homologué : près de 1,50 m pour plus de 30 kg) et prédateur parce qu'il se nourrit de proies vivantes comme des insectes, des larves, des crustacés, des amphibiens, des oiseaux aquatiques, des rongeurs ; son menu habituel étant constitué de poissons.
Pour se nourrir, il chasse à l'affut, caché derrière un herbier, une racine ou une roche ; lorsque passe une proie, il s'élance comme une flèche mais ne poursuit, en principe, pas la chasse lorsque c'est raté.

Brochet4On a souvent entendu que le brochet était très vorace et faisait le vide autour de lui. Cette réputation est usurpée car il peut consommer 2 ou 3 poissons en une heure et se mettre au régime pendant une semaine ou plus. Tous les pêcheurs peuvent le confirmer. En outre, n'étant pas habile dans la poursuite, il « fait le ménage » parmi les poissons malades qui ne peuvent fuir assez rapidement.

Son nom
Il doit son nom à la forme d'une broche (employée en cuisine), allongée et pointue. On l'appelle aussi fingerling (brocheton), grand bec, grand gousier, sifflet, luceau, manche de couteau (petit brochet), filaton, lanceron ou requin d'eau douce.

Brochet5Comment le reconnaître ?
Le corps, très allongé, en forme de fusée, et adapté à la vitesse (50 km/heure en pointe) est de couleur verdâtre et jaune (le ventre restant blanc). La gueule est allongée en forme de bec de canard et plantée d'environ 700 dents, toutes inclinées vers l'arrière, de manière à bien retenir la proie encore vivante ; celle-ci est ensuite dirigée vers l'œsophage par le mouvement des mâchoires, puis le poisson (ou autre) est digéré par les sucs digestifs puissants (même le fil en acier et l'hameçon du pêcheur sont rapidement décomposés). Des bandes claires et sombres sur le corps, lui permettent de se fondre dans le décor.

Où le trouver ?
Brochet6Le brochet affectionne étangs, lacs, rivières lentes, mais on le trouve tout de même en eau saumâtre et en ruisseaux où il cause d'importants dégâts dans le peuplement de salmonidés (truites et ombles). La population en brochet est en diminution à cause de la dégradation de ses milieux de vie. Biotope pollué par les activités humaines, rectification des berges, pompages agricoles, eutrophisation des plans d'eau, disparition de prairies inondables (propres à sa reproduction) et de zones humides sont les principales causes de cette régression. A noter cependant qu'un gros effort est maintenant fait, par les structures associatives de pêche de loisir (fédérations et associations de pêche), en direction des zones de frai qui sont de plus en plus réaménagées pour la ponte et la nourricerie.
Il vit habituellement seul dans son territoire (qu'il étend au fil de son âge) et ne se retrouve en groupe de 3 ou 4 individus qu'au moment de la ponte.

Sa reproduction
Le brochet se reproduit en fin d’hiver – début de printemps (température comprise entre 6 et 12°C), de préférence dans les zones inondées ou les annexes hydrauliques (20 000 œufs par kilo) ; les œufs sont éparpillés au hasard sur les débris ou herbes, le long des berges. Après une incubation de 10 à 15 jours, selon la température de l’eau, les alevins éclosent et résorbent leur sac Brochet7vitellin, puis commencent à consommer du plancton et larves diverses pour s’attaquer ensuite aux alevins des autres espèces, comme la perche qui vient justement de frayer. Il faut noter que la survie des juvéniles est étroitement liée à la durée plus ou moins longue de la période des hautes eaux. Moins de 1 % des œufs parviennent à donner un brochet d'un an.
Lorsqu’il atteint 10 à 15 cm, le brochet ajoute des petits poissons à son menu, des invertébrés puis des grenouilles, à l’occasion.
Au bout de 2 à 3 ans, il peut mesurer plus de 50 cm et commencer à se reproduire dans la troisième année. On peut considérer qu'il prend ensuite une dizaine de centimètres par an.

Comment évolue sa population ?
Le brochet est une espèce classée comme vulnérable sur la liste rouge de l’UICN. Le suivi de l’évolution de ses populations dans nos rivières est une nécessité pour définir une gestion piscicole optimale. Dans les cours d’eau en « bonne santé », le brochet parvient à accomplir son cycle biologique et le renouvellement des populations est assuré par le succès de la reproduction de l’espèce. Dans ce cas, les structures associatives de pêche de loisir appliquent le plus souvent Brochet8une gestion piscicole patrimoniale (sans rempoissonnement). En revanche, dans les cours d’eau dégradés, des rempoissonnements sont réalisés avec des brochets provenant de pisciculture.
La pisciculture du brochet se nomme "esociculture". Elle est encore trop rare en France ou seuls quelques établissements la pratiquent (comme en Haute Marne au lac du Der, dans l'Oise près de Compiègne ou au domaine de Lindre, en Moselle).
Le brochet pour la consommation ne compte que quelques tonnes par an, mais ce sont plusieurs millions d'alevins ou jeunes spécimens, produits dans des étangs d'élevage (de carpes, principalement), qui vont rejoindre nos rivières pour les traqueurs de carnassiers, ceux-ci représentant environ 20% des pêcheurs à la ligne.

Brochet9Dans le département de la Meuse, les structures associatives de pêche de loisir ont réalisé de nombreuses opérations de restauration d’annexes hydrauliques depuis le début des années 2000 afin de favoriser la reproduction naturelle du brochet. La Fédération Départementale de Pêche, réalise régulièrement des pêches scientifiques pour vérifier l’efficacité de la reproduction dans ces zones humides restaurées. La capture de nombreux juvéniles lors de ces opérations est un signe encourageant pour la préservation de l’espèce.


Brochet10EXP’EAU LOR : exposition de poissons de Lorraine
Exposition gérée par Aquario -Club Nord Meusien dans l’ancien lavoir municipal. Dix aquariums entourent un bassin central et abritent les poissons de la région Est. Entrée gratuite.
Aquario-Club Nord Meusien
64, rue de la Libération - 55840 Thierville-sur-Meuse
03 29 86 71 40 ou 07 69 92 79 88
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. - Site internet : aquario.club.free.fr


Texte et photos (sauf mention contraire) : Henri Renard
Fédération Française d’Aquariophilie - Aquario-Club Nord Meusien

 

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