En réalité plutôt eurasien, il porte le nom scientifique Meles meles. C'est la plus grosse espèce de Mustélidés d'Europe.
Origines
Selon les données paléontologiques disponibles, cette espèce était très présente (hors summums glaciaires) durant l'Ère quaternaire dans une grande partie de l'Eurasie, y compris dans la période historique où ses ossements sont fréquemment trouvés par les archéologues.
Elle est cependant apparue récemment (il y a environ 800 000 ans).
Il était autrefois largement présent en Eurasie, et il vit encore jusqu’à deux mille mètres d’altitude en France (où il manque cependant en Corse).
Ses fossiles les plus anciens datent en France du Pléistocène (il y a environ 100 000 ans).
Présentation
Il est immédiatement reconnaissable aux bandes longitudinales noires qu'il porte sur le museau et qui couvrent ses yeux noirs jusqu'aux oreilles. Le reste du pelage est gris, devenant noir sous le ventre et les pattes. La mue se déroule à l'automne. Massif et court sur pattes, avec un corps allongé et une croupe plus large que les épaules, il peut faire penser à un petit ours doté d'une queue touffue. La femelle est généralement un peu plus petite que le mâle.
Il a une mauvaise vue, mais une ouïe fine et surtout un très bon odorat. Deux glandes anales produisent des sécrétions odorantes utilisées pour marquer le territoire et les congénères.
Le dessus du crâne porte une forte protubérance caractéristique des crânes de nombreux carnivores, la crête sagittale, qui résulte de la soudure de l'os pariétal. Ses pattes robustes et pourvues de solides griffes ainsi que sa tête petite et d’allure conique évoquent une adaptation à une vie fouisseuse.
Habitat
Il semble aujourd'hui confiné à certaines forêts et bordures de haies prairiales et plus rarement en milieu ouvert, mais alors près d'un bosquet, d'une haie épaisse.
Cette répartition pourrait aussi résulter des pressions de chasse faites sur l'espèce depuis plusieurs millénaires.
Cet animal réputé forestier s'adapte en réalité à des habitats assez variés qu'il exploite différemment selon la saison, mais il creuse généralement son terrier près de buissons à baies sauvages, tels que le sureau noir et sureau yèble dont il se régale l'époque venue.
La taille de son aire vitale est liée à ses besoins énergétiques et à l'abondance en nourriture de son territoire ou plus précisément à son accessibilité.
Ainsi, au sud de l'Angleterre où le climat est clément et le sol riche en insectes et vers de terre, il se contente de 0,2 à 0,5 km2, alors que dans les zones plus froides et oligotrophes du Haut-Jura, il lui faut jusqu'à 3 km2 pour répondre à ses besoins (il peut alors parcourir plusieurs kilomètres chaque nuit, contre quelques centaines de mètres dans les zones plus riches en aliments).
Alimentation
Les études basées sur le radiopistage et les pièges photographiques ont montré que le blaireau adapte son comportement alimentaire aux ressources, saisonnières de son environnement, ainsi qu'à leur accessibilité (il grimpe mal aux arbres par exemple).
Quand il a une large disponibilité de ressources, il peut cependant se montrer très sélectif.
L'analyse des restes trouvés dans ses excréments a permis de mieux connaître son alimentation. En hiver, sensible au froid, il exploite ses réserves de graisse et se rabat sur les lombrics qu'il trouve en fouissant le sol non gelé. Ses variations annuelles de poids (importantes) semblent liées aux variations d'accessibilité de la nourriture. Il exploite les prairies (au printemps surtout), puis certaines parcelles agricoles (en été) et les forêts (plutôt en automne). S'il trouve un cadavre, il se fait volontiers nécrophage, mais ce n'est pas un chasseur qui poursuit des proies.
Bien que classé parmi les carnivores, sa dentition est celle d'un omnivore (canines et incisives ne pouvant ni tuer ni dépecer de grosses proies, et molaires plates adaptées au broyage des végétaux).
Son alimentation est variée, avec :
* De grandes quantités de mollusques, d'insectes, coléoptères, hannetons, guêpes et autres apidés vivant ou pondant dans le sol, bourdon, sauterelles ainsi que leurs larves.
* Des champignons.
* Parfois de petits rongeurs, des lapereaux, rarement des oeufs trouvés près du sol ou au sol, ou oisillons
* Des grenouilles ou crapauds (au moment du frai principalement)
* Des serpents (immunisé contre le venin de vipère)
* Des vers de terre, principalement en hiver : il pourrait ingérer annuellement près de 100Kg de lombrics
* Des rongeurs qu'il capture dans le sol en creusant ses terriers (campagnol, taupe...)
* Des végétaux, fruits et fruits secs (ex : glands), racines et tubercules ; ces aliments végétaux constituent une part bien plus importante de son alimentation que chez les autres mustélidés.
Reproduction et mode de vie
La maturité sexuelle est atteinte dès l'âge de 2 ans. La reproduction se déroule principalement du mois de janvier au mois de mars. Une femelle peut s'accoupler avec plusieurs mâles d'un même clan et peut être réceptive à d'autres périodes de l'année. La gestation à proprement parler ne dure que deux mois environ.
Les blaireautins naissent en général l'année suivante vers les mois de février - mars.
La portée de 2 à 7 blaireautins restera avec la mère dans le terrier car, comme beaucoup de petits de mammifères à leur naissance, ils ne sont pas en mesure de se déplacer et n'ont pas suffisamment de pelage pour se protéger du froid.
Après la parturition, le blaireau devient un des rares mammifères monogames où les couples paraissent unis pour une longue période.
Le blaireau est très peu prolifique (0,3 jeune par an et par femelle en Europe de l'Ouest ; il a donc beaucoup pâti dans les années 1970 des campagnes de gazage de terriers censées lutter contre la rage (la politique sanitaire de l'époque était de gazer les renards pour enrayer la progression de la rage, ce qui s'est avéré inefficace et même contre-productif, car chez les animaux territoriaux, éliminer les occupants d'un territoire laisse ce territoire non défendu et invite les animaux voisins, éventuellement malades, à occuper ce territoire, ce qui contribue à diffuser des épidémies
telles que la rage (le nombre de cas a augmenté durant la période d'empoisonnement, et chuté, puis disparu dès les campagnes de vaccination; les autorités sanitaires ont ensuite (à partir de 1986) financé (avec l'Europe et les départements concerné) la vaccination (par un vaccin dispersé sous forme d'appâts) qui s'est montrée spectaculairement efficace.
Une grande partie des terriers gazés étaient occupés par des blaireaux, qui mouraient empoisonnés ou sous les balles ou grenailles de chasseurs les attendant à la sortie.
Les blaireaux ne sortent que le soir venu pour recher-cher de la nourriture, uriner et déféquer. Le blaireau peut faire ses besoins dans le terrier, dans des chambres spéciales, mais il les fait le plus souvent à l'extérieur dans des trous en forme d'entonnoir creusés à cet effet (dits « latrines »).
Avant de partir en quête de nourriture, une séance de nettoyage du pelage et d'épouillage est pratiquée, seul ou en commun. Le Blaireau se met alors sur le dos et à se gratter ventre et flancs avec les dents et les griffes.
Les petits restent devant le terrier à jouer en attendant d'être nourris. Leurs jeux sont une imitation de la vie des adultes (fausses bagarres, creuser, trouver de la litière propre et la coincer entre le menton et la poitrine pour la rentrer à reculons dans le terrier). En octobre, les petits atteignent presque la taille des parents.
Pendant la période hivernale, le clan va connaître une période de repos et non d'hibernation proprement dite : ils réduisent très fortement leur activité et vivent sur les réserves de graisse fabriquée pendant l'automne (durant cette période un blaireau peut augmenter son poids de 60%). La dispersion est encore mal connue.
Il semblerait que ce soit les plus vieux individus qui quittent le clan et non les jeunes comme chez la plupart des espèces.
Le blaireau peut vivre au maximum 14 ans dans la nature et 16 ans en captivité. Mais en réalité, il est victime d'une mortalité importante, car 50 % des jeunes périssent dans leur première année. Ensuite, la mortali-té des adultes est d'environ 30% par an. Elle touche davantage les mâles, d'où une prépondérance des femelles.
Les causes de mortalité sont le trafic routier, la chasse et le piégeage. En France, le piégeage du blaireau n'est pas autorisé.
Services écosystémiques
Le blaireau aère et mélange les sols qu'il exploite. Il enrichit également certains sols en nutriments : Il marque son territoire par des placettes où il urine, ce qui est une source constamment renouvelée d'azote pour le sol, appréciée par le sureau et d'autres plantes nitrophiles (Orties, Anthrisque des bois, Alliaire officinale, Cardère poilue, Géranium luisant, Cerfeuil enivrant...). Comme d'autres con-sommateurs de petits fruits, il en rejette les graines dans ses excréments, ce qui favorise leur germination, leur dissémination et leur diversité génétique. Il augmente ainsi la biodiversité. Ses terriers abandonnés ou périodiquement inutilisés peuvent être des refuges provisoires pour d'autres espèces.
Le blaireau eurasiatique tolère également souvent la présence du renard roux ou du lapin de garenne dans son terrier. Le putois, la fouine, la belette ou le chat sauvage exploitent également ce gîte. Mulots et campagnol peuvent y entrer et ajouter leurs propres galeries latérales dans les tunnels du terrier.
Par son activité alimentaire, il régule les populations de certaines autres espèces et joue un rôle de sélection naturelle.
Menaces
Le blaireau a mauvaise réputation auprès des agriculteurs (il consomme parfois un peu de blé, d'orge, avoine ou quelques épis de maïs dans les champs, voire des grappes de raisins dans les vignobles, mais cela reste très exceptionnel. Quelques dégâts plus significatifs sont signalés là où il manque d'autres ressources alimentaires) et des chasseurs.
Cette espèce a disparu d'une grande partie de son aire de répartition naturelle, du fait de la chasse, du piégeage et de la dégradation ou de la destruction. Il souffre probablement aussi de la régression des vers de terre induite par l'agriculture intensive, ou depuis quelques années localement par l'introduction d'espèces invasives de nématodes tueurs de vers de terre.
C'est une espèce qui exploite un vaste territoire et circule beaucoup pour l'inspecter et y déposer des marques odorantes, et qui donc est particulièrement victime du phénomène de mortalité animale due aux véhicules et de l'augmentation globale du trafic routier.
En Europe la métapopulation de blaireaux n'est pas considérée comme globalement menacée, mais l'espèce a beaucoup souffert du gazage des renards
(interdit depuis les années 1990) et de la chasse qu'on lui a donnée. En France, une estimation grossière a évoqué environ 150 000 individus, mais elle « demanderait toutefois à être affinée par des recensements départementaux conduits selon des protocoles scientifiquement fiables ».
Il a disparu dans une grande partie de son aire naturelle de répartition et ses densités sont très basses dans la plupart des grandes plaines de culture intensive ainsi qu'à l'approche des grandes agglomérations.
Cette espèce est sensible à la rage (maintenant éradiquée ou fortement réduite grâce aux vaccins). Elle est également sensible à la tuberculose bovine, qu'elle peut contracter à proximité d'élevages touchés.
Statut de protection
En Europe il est classé dans l'annexe III de la Convention de Berne, ce qui en fait une espèce partiellement protégée (pouvant faire l'objet d'une exploitation si la densité de ses populations le permet).
Il est strictement protégé dans certains pays, dont par exemple la Belgique depuis août 1992, alors qu'il était antérieurement classé comme espèce-gibier ainsi qu'au Luxembourg où ses populations semblent peu à peu se reconstituer après une forte régression, avant que la vaccination soit utilisée, et depuis 1992 au Royaume-Uni (sauf dérogation) où il fait aussi l'objet d'un élevage conservatoire et de réintroduction.
En Belgique, des passages à blaireaux (écoducs spécialisés, en réalité de simples tuyaux de béton, type canalisations d'égouts) passent sous les routes pour aider les blaireaux à se déplacer sans se faire écraser ou blesser par les véhicules. Cette opération a permis de stopper la diminution de certaines populations.
Dans certaines régions, il existe un loisir ou mode de chasse dit « déterrage », dont le but est d'attraper le blaireau enterré au fond de son trou.
Le déterrage est remis en cause par certains défenseurs de la cause animale car cette pratique est jugée cruelle et irréfléchie. De plus, le blaireau peut parfois se faire mordre par les chiens. Pour certains, il s'agit d'une destruction aveugle, et pour d'autres d'une simple activité de chasse. En effet, le blaireau n'est pas classé dans les animaux nuisibles mais susceptibles d'être chassés.