Salamandres et tritons menacés par un champignon pathogène
Sans être véritablement des espèces aquariophiles, tritons et salamandres peuplent de nombreux bassins de jardin. Ces amphibiens sont victimes d'un champignon pathogène très virulent. La maladie n'est pas, à ce jour, repérée en France mais elle touche l'Allemagne et la Belgique où elle a été diagnostiquée à 15 km de la frontière française.
Batrachochytrium salamandrivorans est un champignon très pathogène provenant d'Asie et introduit en Europe par le biais d'importations.
Il n'existe à ce jour aucune possibilité de traiter les populations atteintes. Le déclin touche 43% des espèces d'amphibiens et 32% sont menacées (source - en anglais -Au Pays-Bas, la samandre tachetée (Salamandra salamandra) a vu sa population décroître de 96%.
En conséquence, le Conseil de l'Europe, par l'intermédiaire de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne), recommande :
1. d’appliquer les règles de prévention des risques biotechnologiques au travail sur le terrain (y compris les autorisations, le cas échéant) aux visiteurs de sites de reproduction de salamandres tachetées ou de tritons, à la conservation des amphibiens et aux collections d’amphibiens maintenus en captivité, pour les prémunir contre les pathogènes connus ou nouveaux qui pourraient notamment être introduits par le commerce des animaux, et en y veillant de toute urgence dans le cas de Batrachochytrium salamandrivorans. Pour assurer la mise en oeuvre des mesures de prévention des risques biotechnologiques dans tous les programmes pertinents de sauvegarde, il est nécessaire de mettre au point des protocoles efficaces de traitement des amphibiens affectés par Batrachochytrium salamandrivorans et de garantir leur diffusion rapide,
libre et généralisée parmi les Parties contractantes ;
2. de procéder, préalablement à l’importation, à des contrôles appropriés et s’appuyant sur des fondements scientifiques pour déceler les maladies infectieuses chez les animaux vivants faisant l’objet d’un commerce ;
3. d’instaurer immédiatement des restrictions sur le commerce de salamandres et de tritons en attendant l’élaboration d’une évaluation scientifique des risques et jusqu’à ce que les mesures nécessaires soient en place, au titre des mesures préventives contre l’introduction de Batrachochytrium salamandrivorans par le commerce d’animaux de compagnie ;
4. de mettre en place des programmes de surveillance pour lutter contre une éventuelle dissémination supplémentaire de la maladie, afin de développer un système d'alerte rapide pour toute l’Europe et de permettre la détection rapide de toute perte de diversité biologique imputable à la maladie ;
5. de mettre en place, de toute urgence, des programmes de surveillance des populations de salamandres et de tritons dans les secteurs à haut risque (par exemple, les zones proches des foyers de la maladie ; les zones où des espèces endémiques sont présentes, comme les Alpes, les Pyrénées ou les îles de la Méditerranée) ;
6. de restreindre la dissémination du fait de l’homme et le transport d’amphibiens dans les secteurs faisant l’objet de contrôles pour les mycoses à Batrachochytrium salamandrivorans dans les zones surveillées mentionnées au point 5;
- 4 - T-PVS (2015) 9
7. de concevoir dès que possible des plans d'action d’urgence qui permettront de réagir rapidement si Batrachochytrium salamandrivorans apparaissait à proximité de populations à haut risque de salamandres et de tritons (comme celles d’espèces endémiques des Alpes, des Pyrénées et des îles de la Méditerranée) ;
8. de soutenir les recherches sur la biologie, l’épidémiologie et l’atténuation de Batrachochytrium salamandrivorans ;
9. de soutenir la recherche sur la biologie de la conservation des salamandres et des tritons d’Europe, notamment pour améliorer les connaissances sur la démographie et la dynamique des populations ;
10. de concevoir et de mettre en oeuvre des campagnes de sensibilisation du public basées sur la prévention, la biosécurité et la surveillance ;
11. de tenir le Comité permanent informé des mesures prises pour mettre en oeuvre cette recommandation.
Le recommandation complète peut être téléchargée ici.
Vignette : Triturus marmoratus - Triton marbré (Ph. Robert Allgayer)